Elle ne veut pas y aller.
Non. Là, elle ne veut vraiment pas y aller.
Un truc s’installe dans ton bide. Et dans ta poitrine de mère, un je-ne-sais-quoi qui te met mal à l’aise. Comme une impression qu’elle te berne, qu’elle te trompe.
Tu vois le genre ?
Oui, tes cours (certains) sont barbants.
Tu te lèves le matin et tu sais que tu vas devoir écouter.
Encore et encore écouter passivement. Et pas bouger ! J’ai dit, pas bouger !
Les cours, quel ennui !
Ce qui est vu en cours en ce moment ne te plaît pas.
Ton prof est chiant à mourir. Sa voix est monocorde.
Et il parle, il parle. Tu te demandes quand est-ce qu’il va s’arrêter de parler, c’est bien ça ?
Quand est-ce qu’il va te laisser de la place ? Ta place ? Ta voix ?
Quand est-ce que tu vas pouvoir agir, en vrai ?
Quand est-ce que tu vas pouvoir faire, de tes mains faire, explorer, créer.
Créer, pétard !
Ben oui, tu en as ras-le-bol d’être là tel un perroquet.
Répéter. Ecouter et répéter. Ecouter. Répéter…
Et ça continue…
Le prof, lui, il s’éclate. Du moins, c’est possible.
Mais en fait, c’est peut-être même pas le cas.
Si ça se trouve, il fait son job parce que…
Tu ne sais pas. Peut-être est-ce devenu juste une habitude, une routine. Peut-être un revenu, une carrière…
Bon, tu espères tout de même qu’il l’aime son boulot. Mais ça, c’est une autre histoire…
Cette tension dans ton corps revient.
Il y a comme un truc qui cloche…
Et si ta fille te bernait ?
Et si c’était une excuse pour ne pas aller en cours ?
Et si… ?
Et si, en fait pour elle, c’est vraiment dur ?
Chaque jour qui passe, des cours si démotivants.
Chaque jour qui passe, des cours pas si joyeux. Ça parle guerre, morts, blessés…
Pour la mémoire qu’ils disent.
Non, mais attends, qui s’occupe de ce que tu vis là aujourd’hui ?
Ton présent, qui s’en préoccupe ?
En fait, oui, tu ne vas pas si bien.
Oui ton corps a mal. Je le vois. Je le sens.
Des maux de tête. Mal partout. Courbaturée.
Ta mine est déconfite.
En fait, oui. Ton corps parle.
Il dit stop. Donne-toi du soin.
Si ton besoin est le repos, alors donne-lui le repos dont il a besoin, aujourd’hui.
Le reste ?
Les cours ? Les leçons ? Les évals ? Les notes ? Ton orientation ? Ton métier ? Ton futur ?
Basta ! Tout ça attendra.
Occupe-toi de ton être, là, maintenant.
Donne-lui ce dont il a besoin !
Repos.
Et quand ça ira mieux, t’y retourneras encore, un peu, beaucoup, passionnément, à la folie… faire le perroquet. Puis un jour, plus du tout.
Je t’ai comprise. J’ai entendu ta souffrance. Je compatis ma belle !
Ta maman qui t’aime.